Tilleuls

Les tilleuls décharnés tant par l’hiver que par la brume, tranchant sur un fond fané, attendent le soleil pour reprendre leur position naturelle entre sol et ciel.

Trois sont gorgés de gui, denses d’un vert parasite, la vie symbolisée par ce qui se nourrit d’une autre sève. Les branches tracent des circuits aux connexions aussi aléatoires que logiques, chaos dicté par la croissance indéchiffrable et manifeste, image d’une réalité fermée et ouverte, possible et sensée. Les extrémités des rameaux prennent la forme d’une aspiration et d’une attraction. Elles recèlent un ordre et des lois qui le régissent sans pour autant se dire car la règle est muette.

Quelques mots pourtant s’en échappent qui répondent au silence, une caresse à l’esprit s’établissant dans l’inconfort, celui de l’écart entre le froid et la paix, entre la familiarité et l’indifférence, entre l’image et l’idée.


Le regard s’interroge sur le lointain qui s’amenuise et se perd sur le proche, morcelé. Grises et brunes, les couleurs ne s’expliquent pas plus qu’une rengaine ; elles sont le goût des lignes.

 

Cet ensemble est une attente, temps vendu à l’appel.