Allongé
L’homme allongé n’a que deux jambes.
Il gît.
Tête jetée au bout d’un tronc,
les bras sont tombés dans l’oubli.
Il a dû marcher droit d’un bord à l’autre, aboyant des désirs contre les faits,
trébuchant,
raide à force d’ignorer les à-coups.
Combien de fois n’a-t-il pas trépigné de n’avoir que la route
pour détour
et la rue pour terrain ?
Ardemment arpentait-il les quelques mètres qui lui furent dévolus
et qui vouèrent au retour son parcours
sans remords.
Il chut
et ne put à rien se retenir,
donnant du chef sur la chaussée,
roulé jusqu’à la mer et devenu chenu
et patiné.
Echouer est l’aveu d’un chapitre.