Débris

Les huîtres mortes ont laissé leurs carcasses être déposées par les vagues. Je les ramasse, matière inerte, mais gravée d’indices.
 
Les débris ne sont pas          déchus d’une vocation de paraître et           de servir, ils sont élevés au rang              de reliques rappelées           des dépôts par la sollicitude.
Rongés par le sel et le troupeau des               vermines, ils survivent à                 leur décrépitude    en postulant que                         la mer leur doit sa clémence.
Donnés       perdants, ils                 dressent      au devant des avis leurs          lacunes et leurs     défroques évidées comme une           targe rincée qui ne protège plus que les prochaines        vertus, celles du     vieil âge et du vent.
 
Avant                  la fin, phénomène qui    n’effraie que ceux qui persistent à                 sauver le sable du verre, la mémoire agrippera     les bords usés des    valves pour les accrocher, telles                    quelles, aux murs blancs d’une pièce dédiée aux choses sans     usage, mais                                       sans valeur.
Ne reste d’un              vestige que la persistance     forcenée de ce qui aurait pu être.
Laminé, il                                   délaisse la saveur des cycles et reprend          sa mise.
Les bribes bredouillent un                    aspect     semblable et       singulier qui fait d’une attitude un               costume, porté            près du corps et prêt à jouer.
 
La tragédie assigne à                                  chacune un      destin sans drame, comédie des            anciens à la saveur acide.
Les coquilles            somnolent au soleil et savent le              soir venu.
Dernier salut des premiers             pas.