Novembre
A la fin novembre, l’érable a laissé choir son feuillage. Chaque année ne se répète pas, mais entasse les automnes.
Je me prends à penser à ce qui semble perdu, et pourtant cela même pèse sur ce que j’observe au sol, regard baissé vers le temps à chaque instant dépassé ;
Le vent ne pousse rien, mais aspire à l’étreinte, poigne froide qui ramasse les feuilles aux limbes corrodés et les fige ainsi dans un souvenir futur.
La mémoire est un chemin à rebours ou peut-être une trouée sous les frondaisons dégarnies où paraît, imprudent, l’espoir d’une chose nouvelle et familière.
La saison malmène l’âme à montrer les nervures sèches et souillées. Elle sait faire parler l’écho des mots tombés des troncs.
Hier et demain forment un même abri sous lequel s’amoncellent vestiges et rejets.
Je presse le présent tout contre moi.