Montagne
Le matin est déjà avancé et la brume a poursuivi sa lente évolution, libérant les flancs les plus bas pour s’accumuler en altitude, masquant les sommets rendus plus inaccessibles encore que lorsqu’ils paraissent, visibles et intimidants. A moins que leur indifférence manifeste ne provoque davantage un éloignement presque religieux. Au-delà des efforts à déployer pour les atteindre, la profanation est la raison qui s’oppose à l’idée d’une ascension.
Une cascade haute et lointaine répète le sacré qui nimbe, en même temps que le voile blanc recouvrant avec précision les sapins, les immenses rochers dressés.
Marcher ici est désirable et vain. L’accès au sublime se pressent sans espoir. Le col ou le pic ne sont qu’une étape de plus avant un retour et non la révélation d’un accès aux cieux.