Echeveau

L’écheveau figure tout autant les cheveux éparses et emmêlés laissés par ma grand-mère après qu’elle se fut coiffée que les entremêlements faussement chaotiques des filaments qui échappent à l’abstraction par leurs caractéristiques presque tactiles.

Les deux sont à la fois au présent et dessinés dans un souvenir qui plonge d’autant plus loin qu’il suggère plus qu’il n’apparaît.

 

La figure veut dire plus que l’image résiduelle d’un phénomène. Elle est la carcasse filiforme d’une pelote dont le parcours est trop difficile à suivre pour permettre d’en démêler les issues.

Elle est aussi l’inverse de la clarté aveugle qui ne projette que le vide et dont la vue offre un repos sans parcours.

 

Elle dit non une direction, mais l’instant frêle d’un système solide, brindilles qui sont des poutres et qui portent ce qui les entourent. L’ambition n’est pas de bâtir un futur, mais d’établir la consistance de ce qui persiste en dépit du flou.