Couleur
Le soleil couchant, vision d’une habitude sans cesse renouvelée portant une hésitation entre l’énergie et la fin du jour, suspendu dans une lumière sagace, éclaire, rasant le sable, le creux des vagues juste avant la chute. Un jaune échappé du bleu et du vert apparaît un court instant, vite avalé par l’écume et chassé par le miroir de l’eau qui s’étire.
Ce jaune ne persiste pas. Il s’identifie à peine, fugitif éclatant cent fois répété et toujours indistinct. Une couleur sans durée.
La couleur donne à l’image sa chair ; elle est son cuir et sa pellicule.
La couleur porte un nom. Elle se mesure et s’ordonne. Précise, elle prête ses propriétés au tableau qui l’exploite.
Ici le jaune échappe au devoir, carnation d’un fantôme. Rien qui ne puisse servir de support au souvenir. Une observation indécise et fragile.
Il n’est pas une illusion, mais une essence sans substance, peut-être une autre chose, intangible.